Tunisie: Conduire ou subir?

Je conduis depuis pas mal de temps.

Entre ma voiture et moi, c’est une longue histoire faite de beaucoup d’amour et d’amitié et d’un peu de haine. Une voiture, ce sont des entretiens techniques qu’on oublie, des dates de vidanges qu’on dépasse, des roues qu’on ne change jamais quand il faut, des pleins d’essence qui coûtent la peau des fesses, des assurances, des taxes, des PV, des amendes, des sabots à 15Dt, des fourrières à 35Dt,…

Depuis quelques temps,  conduire en Tunisie m’angoisse.  Je sais que nous ne sommes ni au Caire avec sa circulation chaotique, ni à New Delhi où conduire, c’est jouer pour de vrai, à «Video Game», mais Tunis est stressante au volant!

Ici, on ne respecte pas les limitations de vitesse, les sens interdits, les priorités, les enseignes…On respecte encore moins les vieux, les jeunes, les écoliers, les sorties d’usine, les ambulances, … On brûle les feux rouges, on ne respecte pas le code de la route, on ne sait toujours pas à qui est la priorité autour des ronds points, on n’utilise pas le clignotant quand on tourne, on klaxonne tout le temps, à midi ou minuit…On se gare n’importe où malgré les arrêts et les stationnements interdits. Bon, c’est vrai qu’il y en a trop et partout des stationnements interdits. C’est à se demander pourquoi on nous vend autant de voitures, si on ne peut les parquer nulle part.

A Tunis, tout le monde double tout le monde, dans n’importe quel sens, à droite, à gauche et même en face. Sur les passages cloutés, ce ne sont jamais les piétons qui ont la priorité. Bien au contraire, à la vue d’un piéton, les voitures accélèrent. Sur les autoroutes, des dizaines de piétons escaladent les gardes fous, sautent les barrières et surgissent de la végétation bordant l’autoroute pour la traverser dans un sens ou dans l’autre. Sur les avenues, ce sont les piétons qui roulent. Incroyablement indisciplinés, ils ne peuvent pas voler non plus. Chez nous les trottoirs sont faits pour garer les bagnoles et  accueillir les extensions des cafés et des commerces.

Je ne sais pas si vous avez remarqué combien la pollution sonore est terrible! Il est commun de subir la musique des autres, quand ce n’est pas une déferlante d’insultes et des gros mots qui s’abat sur l’entourage en cas d’accrochages.  Pour finir, en Tunisie, on vous klaxonne quand vous respectez la limitation de vitesse, on vous bouscule quand on a un plus gros bolide que le votre, on vous agresse quand vous vous arrêtez aux stops et feux rouges. Et tenez vous bien, il arrive que sur une autoroute, vous ayez une voiture qui vienne de face!

Si par malheur, en conduisant, vous trouvez une voiture sans conducteur qui trône au beau milieu de la route, ne vous étonnez pas! Prenez votre mal en peine et patientez. Le conducteur ou conductrice doit être juste en train d’acheter une recharge téléphonique ou une bouteille d’eau. Surtout, ne grimacez pas et ne vous énervez pas! Il ou elle, montera dans sa voiture calmement avec au mieux un petit geste amical, au pire, un geste qui en dit long sur son manque de civisme et de respect des autres.

Si par malheur ou bonheur ( en fonction des saisons) la pluie venait à tomber. La ville, la cité, le pays deviennent  carrément impraticables! Tout est à revoir et vous plonge dans l’enfer: la route, les ponts, les égouts, l’incivisme, les embouteillages,

D’ici là, prenez votre mal en peine et bonne route!

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