Le mal est fait et bon gré mal gré nous vous avons accepté ! Vous pourriez tout de même faire preuve d’un peu plus de tenue et de retenue ! Le jour de votre intronisation, sans vous soucier de votre apparence, vous arrivez accoutré comme un épouvantail ! Non pas que nous soyons contre le burnous, loin de là. Mais le burnous est un vêtement qui a tant de classe qu’il faut beaucoup de hauteur pour le porter.
Une fois installé à Carthage, vous invitez la télévision à vous filmer discutant avec les journalistes. Sans aucune gêne, vous vous présentez au public affalé sur votre fauteuil, sans cravate, col de chemise ouvert. Les majordomes du Palais devaient être plus chics que vous. Le comble est que vous vous croyez sympathique quand vous nous dites que vous attendrez que M. Ghannouchi porte la cravate pour la porter à votre tour.
En termes d’élégance, il va falloir trouver ailleurs vos références, parce que le Cheikh avec ses allures de poivrot en lendemain d’une cuite, a beaucoup de chemin à faire en la matière. Mais bon, on aura au moins saisi le degré de l’emprise de votre gourou sur vous. Nous ne vous demandons pas d’avoir la stature et la présence des grands de ce monde. Nous vous demandons de tenir compte du fait que votre place à la tête de ce pays fait de vous un modèle, une carte visite.
Du temps de Ben Ali, la corruption s’est amplifiée parce qu’au sommet, le chef et son clan étaient corrompus. Avec vous, c’est ce qu’on appelle en Tunisie, le TACHLIK (le laisser aller, le cheap du cheap) qui va s’amplifier. Il ne faudra pas s’étonner de voir des hauts cadres mal rasés, cols de chemise grand ouverts, vestes fripées, savates aux pieds, mégots aux lèvres, affalés sur leurs sièges ou trainant leur nonchalance dans les couloirs des administrations. Il va falloir que vous appreniez que la tenue décontractée n’est pas de toutes les circonstances.
Et ne nous traitez pas de « résidus de la francophonie ». D’une part, nombre d’entre nous le sommes moins que vous qui avez convolé avec une Française, qui avait vécu en France et dont les enfants sont à moitié Français. D’autre part, tous les sociologues, psychologues et marketeurs du monde entier vous diront que la présentation et le physique comptent beaucoup dans les relations humaines. Les grands dirigeants de la planète suivent des cours spéciaux pour apprendre à se tenir, à s’exprimer, à sourire, à se vêtir et même boire et à manger.
Quand on refuse de se soumettre aux règles protocolaires exigées par son rang, on reste dans son coin.Et comme si cela ne vous suffisait pas de ne pas savoir vous tenir, vous en rajoutez en ne mesurant pas la portée de vos paroles. Vous vous montrez à la télé pour présenter vos vœux et voilà que dérapez encore une fois quand vous nous précisez que les fêtes de fin d’année ne font partie ni de nos us ni de nos coutumes.
Décidemment l’emprise du Cheikh Ghannouchi vous porte du tort, car nous supposons que c’est sous son influence que vous parlez ainsi. Vous n’allez pas nous faire croire que du temps de votre mariage et votre vie en France, vous n’avez jamais réveillonné ni à Noel ni pour le Jour de l’An. Il n’y a que les imbéciles qui datent leur naissance à partir de l’année chrétienne et qui pensent qu’en fêter le premier jour est impie.
Nous sommes désolés, Monsieur le Président, mais la révolution tunisienne qui vous a porté à Carthage est datée en 2011 après J.-C. et non en 1432 Hégirien. Dans une Tunisie en pleine crise économique, nous attendions de vous d’encourager cette fête de fin d’année qui fait travailler les commerces, les restaurants, les hôtels…Dans les pays développés, on guette la moindre occasion pour inciter à la consommation, pour inviter les gens à investir, pour multiplier les échanges commerciaux. Vous au contraire, vous nous demandez de nous replier un peu plus sur nous-mêmes et de rester enfermés chez nous. Heureusement que personne ne vous a écouté et qu’au moins les pâtisseries de tout le pays ont fait le plein.
Par ailleurs, ne réalisez-vous pas qu’à ce jour nous n’avons pas encore fêté notre révolution ? Il aurait été plus sympathique de votre part de proposer aux services municipaux d’égayer les rues, de multiplier les manifestations, de faire la fête que de venir nous débiter les âneries que vous ont dictés vos amis Nahdhaouis. C’est vrai que pour eux faire la fête sans leur bienfaiteur de Qatar n’a pas de sens, ils préfèrent attendre le 14 janvier.
Prenez garde Monsieur le Président, à ce jour vous n’avez rien accompli de bien transcendant. Par contre vous accumulez les bourdes et les dérapages. Reprenez-vous et montrez-vous à la hauteur de ce grand peuple qui actuellement pense que faute de la grandir, vous êtes en train de mette la Tunisie à votre taille. Ne vous laissez pas mener par le bout du nez par un « meddeb » imperméable à toute notion de qualité et de bienséance et soyez un peu plus à l’écoute des Tunisiens, un peuple civilisé, raffiné et qui exècre les va nus pieds.
Fatma BENMOSBAH
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