Partis politiques en déconfiture et un peuple qui se bourre à la «Zatla», bières et prières !

Mais qui veut-il rassurer? Les Tunisiens qui continuent de souffrir de la pauvreté, de la cherté de la vie et des soins médicaux, ceux  qui ne comprennent pas que la justice transitionnelle tarde à se mettre en place ou encore ceux qui voient la quasi majorité des partis politiques, y compris le sien,  exploser avec un déballage de linge sale qui nuit largement à l’image des leaders politiques si tant est qu’il y en a qui arrivent à émerger.

Dans une interview accordée au journal «Le point», Moncef Marzouki déclare : «Nous avons démocratisé le mouvement islamiste, nous l’avons amené à respecter les droits de l’homme et ceux de la femme. Il faut comprendre que nous sommes dans une société plurielle qui ne supporte plus d’être gouvernée par un parti unique. Avec le parti islamiste Ennahdha, qui a gagné les législatives, nous essayons de créer une nouvelle culture, celle du pluralisme».

Un pluralisme qui pousse les salafistes à interdire et à dicter leurs lois en s’appropriant tout bonnement la rue, les quartiers, les mosquées et désormais les villes. Après Sidi Bouzid et Jendouba , où ils ont interdit la vente d’alcool et fermé les bars, voici venu le tour de Kairouan, une des principales villes du pays qui s’est retrouvée en dehors du temps pour le deuxième congrès national «d’Ansar al Charia», le groupe Djihadiste fondé par Abu Iyadh et  où l’on a décrété que pour voyager de Tunis à Sousse, les femmes ont désormais besoin de «Mouharem».

Ce  congrès a été suivi par quelques 5 000 militants selon la radio «Mosaique Fm». Il est clair que 5 000 militants qui prônent pour l’application de la «charria» ne tiennent pas la route face aux Tunisiens qui ne se sentent même pas menacés dans leurs rythmes et habitudes de vie. Même si certains parlent de plus de 20 000 ou 100 000 salafistes, qu’est ce que cela pèserait face aux musulmans qui pratiquent leur religion et qui considèrent qu’elle se place bien assez loin de l’islam politique et rétrograde que certains partis et associations veulent leur servir? Reste que le monde est truffé d’exemples où des minorités ont pu changer la donne et bousculer l’histoire.

Pour le moment, nous en sommes loin. Si un récent sondage « Sigma/ Le Maghreb » parle d’un taux qui s’approche de 65% de Tunisiens pratiquant leur religion assidument, ils refusent majoritairement aussi toutes les formes d’intégrisme et d’extrémisme religieux.

Avant de conclure, et comme beaucoup de lecteurs ne jurent que par les chiffres, on se doit de mentionner les autres chiffres de la semaine dont ceux du ministère de la Santé publique qui  enregistre 100 000 cas de dépendance à la « Zatla », 100 000 cas de dépendance aux pilules. Presque autant que la communauté salafiste de Tunisie!

A en croire d’autres chiffres qui ont attrait à la consommation de bières en Tunisie, celle-ci a tout simplement effectué un bond important selon les  indicateurs de la SFBT, premier brasseur en Tunisie. Cette hausse est visible par rapport à l’année 2011, mais aussi par rapport aux années 2010 et 2009 puisqu’en termes de ventes en hectolitres, la SFBT a vendu au premier trimestre de cette année, 387.628 HL, contre 283.783 HL au 1er trimestre 2011, 289.706 HL au 1er trimestre 2010 et 265.156 HL au 1er trimestre 2009. En termes de chiffre d’affaires, en local, la SFBT a vendu au 1er trimestre 2012 pour 21,3 millions de dinars, contre 14,3 MDT au 1er trimestre 2011, 15 MDT au 1er trimestre 2010 et 13,8 au 1er trimestre 2009. Que de buveurs de bières en l’occurrence!

Sommes-nous pour autant sur la bonne voie?

Si on en revient à la déclaration de Moncef Marzouki, nous le serions, puisque « l’’institut londonien Chatham House [le cercle de réflexion décerne chaque année une récompense, au nom de la reine d’Angleterre, à une personnalité qui a œuvré à l’amélioration des relations internationales] vient de remettre à Rached Ghannouchi et à moi-même ce prix ». La parallèle entre le prix et le pluralisme prend alors tout son sens ! A moins que les Anglais ne disputent aux Tunisiens le record des plus gros buveurs de bières!

Et si après avoir touché au drapeau et aux artistes,les salafistes en attaquant l’une des boissons rafraichissantes des Tunisiens surtout à la veille de l’été avaient fait une autre erreur. Une autre erreur en trop ! Quel sera donc l’impact de leurs élucubrations de la semaine?

Dans l’attente du test du bikini sur les plages, il ne reste plus que ce soient les salafistes qui s’en donnent à cœur joie en termes de «zatla» et de « birra » car là pour le coup, faute de s’être bourrés, ils se sont tout simplement gourés.

Amel Djait

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