Tunisie : Rached Ghannouchi met le cap sur Alger. Pensera t-il au tourisme ?

Espérons que la destination Tunisie saura cette année rattraper le coup…Le voyage de Rached Ghannouchi actuellement à Alger même s’il ne s’inscrit pas dans cette urgence est-il  de nature à rassurer Alger?

Selon certaines experts,  la brise  de liberté qui souffle sur la Tunisie pourrait pousser les autorités algériennes à davantage considérer son ouverture sur son autre voisin, le Maroc. Ce pays est tout aussi bon « touristiquement» parlant, sinon plus riche en matière de diversification de produits.

Ceci dit, le Maroc aussi est à quelques jours des ses élections qui vont très probablement aboutir à une forte percée du parti islamiste. Les bouleversements que subit  la région s’apprêtent à atteindre leur paroxysme avec les élections en Egypte. En attendant, l’Algérie tente de se repositionner dans la région. Le président Bouteflika a rencontré  le chef du CNT libyen Mustapha Abdeljalil, en marge d’un sommet sur le gaz à  Qatar la semaine écoulée.

Officiellement Alger ne s’inquiète pas de l’arrivée d’Enahdha en Tunisie. Rached Ghannouchi sera reçu par le chef du FLN, parti présidentiel a indiqué à l’AFP son porte -parole.  Mais que va faire Rached Ghannouchi à Alger ? Pensera t-il au Tourisme ? Fera t-il la promotion du tourisme « hallal » dont il est si fervent? Son message sur l’idée qu’il se fait du  tourisme tunisien ne risque t-elle pas de porter encore plus de préjudice au secteur face à une clientèle qui venait en nombre en Tunisie , entre autres, à la recherche de distractions et produits dont elle ne disposent pas chez eux.

Mais d’autres question s’imposent: Rached Ghannouchi donnera t-il des garanties quand à la situation du pays et à la politique que va appliquer son parti ? Enahdha saura t-elle retenir les leçons du FIS et de la douloureuse expérience Algérienne? Les promesses actuelles d’Enahdha font penser à celles du parti Algérien qui a connu cette même phase de promesses en direction des populations démunies, des chômeurs, des exclus? La situation a vite  fait de basculer dans une spirale de violence qui a coûté la vie à plus de 100 000 personnes.

Après les récents changements intervenus en Tunisie et en Libye, les experts pensent qu’un rapprochement entre Alger et Rabat semble de plus en plus possible et nécessaire. Les deux pays semblent vouloir échapper au vent du « printemps arabe ». Se rapprocher pour mieux faire face ensemble aux nouvelles donnes dans la région serait donc une option. Les Marocains souhaitent un tel rapprochement et les Algériens y semblent de moins en moins hostiles. Cependant, les Tunisiens restent des partenaires privilégiés de l’Algérie. Espérons que la nouvelle diplomatie tunisienne saura en prendre tout le soin qu’il convient.

Aujourd’hui, Rached Ghannouchi a mis le cap sur la capitale Algérienne. A l’ordre du jour, les relations entre les deux pays pour une « visite d’amitié ».Beji Caid Essebsi, Premier ministre sortant avait effectué son premier voyage à l’étranger dans ce pays lors de sa prise en charge du gouvernement de transition. Coïncidence?

Pour le moment, l’Algérie observe avec attention ce qui se passe dans ce laboratoire qu’est devenue la Tunisie. Une expérience démocratique qui s’écrit tous les jours de ce côté ci des frontières et que l’on a qualifié déjà de « cauchemar», de l’autre côté, selon le quotidien Algérien « La Liberté ». Le journaliste a en effet écrit : « La Tunisie a basculé avec armes et bagages dans les bras du fondamentalisme. Un point c’est tout… Si les islamistes gagnent en Tunisie, le pays qui était censé avoir le plus d’anticorps, qu’en sera-t-il alors avec les Frères musulmans en Égypte ou les salafistes en Libye? Des États théocratiques sont en train de naître au Maghreb, tranquillement, à un jet de pierre de l’Europe et qui ne ressembleront pas au modèle turc.».

Reste que pour le moment rien n’est joué. C’est tous les jours que ce modèle se sculpte au prix de batailles, de vigilances de la part de la société civile, de dérapages des partis qui s’apprêtent à gouverner et et de ceux qui se veulent une opposition solide et efficace. Tout ceci est encore frêle et fragile. La Tunisie saura trouver sa voie, du moins nous l‘espérons…

Amel Djait

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