Enahdha est elle en train de lâcher sa « pin up » Souad?

En ratant une autre belle occasion de se taire, Souad Abderrahim finit par collectionner les mépris envers ses concitoyens.

Celle qui se positionne comme une garante de la morale est une pharmacienne aux allures de « pin-up ». Elle a souvent parlé de rétablissement des mœurs jusqu’à ses fameux propos haineux envers les filles-mères et sa récente proposition d’envoyer des travailleurs tunisiens dans un pays encore en guerre, la Libye ! Mais qui arrêtera donc les dérapages incessants, alarmants et dédaigneux de Souad Abderrahim ? Qui d’autre sinon son parti, Ennahdha…

Sans avoir à revenir sur ces fameux propos, comment expliquer qu’un parti politique vainqueur des élections et appelé à gouverner laisse un de ses porte-drapeau déraper autant ? Comment ne vient-il pas, via son Samir Dilou de service, à son secours au vu des polémiques qui découlent de chacune de ses apparitions ? Pourquoi le parti ne se démarque t-il pas de ses discours à moins que ce soit précisément le but de la manœuvre ?

Ces mêmes questions peuvent être posées en ce qui concerne les salafistes qui s’évertuent à mener tambours battant une grande pression sur les femmes et les artistes, les villes et les universités…Le cas Ikbal Sassi et même s’il ne ressemble aucunement pas à la saga que tisse Souad Abderrahim est révélateur. Un groupuscule empêche l’anthropologue et chercheuse de prendre ses fonctions à la tête de radio Zitouna.Un autre prend en otage la faculté du 9 Avril. De quel droit ? Sommes-nous seulement dans un état de droit ? A moins qu’une fois encore cela ne soit le but de la manœuvre…

Hammamet et Manouba
La semaine dernière sur la place principale de Hammamet, « Hezb Tahrir » s’est offert une belle manifestation un peu « culturelle » et beaucoup politique avec des images impressionnantes du centre ville enveloppée dans un drapeau noir. Qui payera le prix des images de la destination phare du tourisme tunisien sous l’emprise d’un parti radicalisé non reconnu ? Qui payera la facture des intérêts politiques et claniques au détriment de l’intérêt général ?

A cause des salafistes, à cause de Souad Abderrahim, à cause de Hezb Ettahrir, à cause de la Manouba, tous les regards se tournent vers Ennahdha. Mais pourquoi lui demander de s’offusquer ou de condamner ?

Les protagonistes des incidents qui se déroulent depuis quelques semaines servent ses dessins et plantent sa société idéale de demain. Ceux qui font le « sale » boulot à sa place ne deviennent-ils pas encore plus nombreux lorsqu’on y rajoute les opportunistes et les « retourneurs » de vestes qui ne voient aucune objection à se mettre sous la croupe d’un parti gagnant à partir du moment qu’on lui assure ses arrières.

L’essentiel pour le parti islamiste est ailleurs. Ce sont ses visions qui doivent faire leur chemin. L’important est que ces évènements et déclarations alimentent la moralisation rampante de la société tunisienne. Une façon autrement plus subtile que les diverses manœuvres frontales des salafistes.

Souad Abderrahim : L’arroseuse arrosée
Entre temps, c’est l’association des Femmes Démocrates qui finit par porter plainte contre Souad Abderrahim. L’opération qui discrédite autant l’une que les autres dessert les femmes à l’heure où le risque d’anéantissement de leurs acquis se confirme un peu plus tous les jours. Se sentant menacées, celles-ci bataillent et refusent de se laisser emprisonner dans des querelles réductrices et dévalorisantes. Les Tunisiennes sont prêtes à se défendre.

Cependant, est-il fortuit que ce soit une femme qui provoque autant de scandales dans un contexte aussi chargé d’autres urgences ? Est-ce un hasard que ce soit précisément la seule femme non voileé du parti qui soit le chef d’orchestre d’une si mauvaise partition ? Pourtant et en même temps, une autre femme sort de l’ombre. Celle-ci est grandie par ses positions contre le « niqab » et plébiscitée par ses positions contre l’exclusion. Meherzia Labidi, vice Présidente de l’Assemblée constituante se présente comme le nouveau visage tempéré d’Enahdha à une heure où le sujet du Niqab crée une vraie polémique dans le pays.   

Et si en fin de compte Ennahdha avait lâché Souad Abderrahim ? Et si Souad n’était que l’alibi pour désacraliser certains les débats en posant sur la table des sujets que l’on pensait intouchables ? En fin de compte, n’est-ce pas cette même militante qui est à l’origine de la désormais très probable révision de la loi sur l’adoption ? N’est-ce pas elle qui a parlé de la possibilité de toucher au Code du statut personnel ( CSP)? Souad Abderrahim ne serait alors que l’une des figures de la première ligne des militants d’Ennahdha dont la mission est de briser l’infranchissable. Ces lignes, qui selon même une frange qui a voté pour Enahdha, considérait il y a quelques mois encore comme des lignes rouges.

En attendant Souad Abderrahim semble avoir trouvé une solution au chômage qui va galopant vers le million. Elle a annoncé qu’il suffisait d’envoyer nos compatriotes en masse travailler en Lybie. L’élue du peuple a juste oublié que l’état libyen exige 3 ans d’expérience et ne paie que 150dt de plus que l’état tunisien. En plus pourquoi des milliers de Tunisiens songeraint-ils à partir dans un pays où une guerre n’est pas encore finie ? Ceci est au mieux simplet, au pire criminel comme proposition ?

Il ne reste plus qu’à espérer que les autres militantes d’Ennahdha ressemblent peu à sa «Sainteté tata Souad » comme se plaisent à l’appeler les internautes? Espérons qu’elle n’est que la partie la plus visible de l’iceberg et que le reste des militantes nahdahouies au sein de la Constituante se révéleront plus « humainement » proches des tunisiens et tunisiennes sans cela nous allons tous plonger !

Amel Djait

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