Impressions du Cap Bon…

Quand va finir ce supplice ? La Tunisie subit tout simplement et sans avoir peur des mots l’une des plus grandes vagues d’enlaidissement possible de son histoire.

Par contre, je suis heureuse de constater qu’il n’y a peu de ce que l’on  nomme salafistes avec qamis et barbe visibles aux alentours, avec ce que cela comprend comme «fous» et de «faux fous» de dieu et autres délinquants…  Pas de menaces, pas de violences, pas d’agressions contre les femmes non voilées… Du moins de ce que j’ai constaté !

Hmida C. a vécu plus de 30 ans en Italie et il a ouvert à Kélibia un restaurant populaire où il sert un excellent keftagi. «N’oubliez pas que c’est Kélibia qui a chassé Rached Ghannouchi la première. La popularité d’Ennahdha est en chute libre. Par contre, il y a si peu d’autres partis qui travaillent… Personne ne pourra changer le mode de vie des Tunisiens… Seul de cela je suis certain !»

Des enthousiastes comme Hmida, j’en ai rencontré beaucoup. Ils sont commerçants, femmes au marché, vendeurs ambulants, serveurs dans des cafés, enseignants… Ils vivent dans les villes du Cap Bon qui semblent hors du temps et de Facebook.

Les bagarres intestines au sein de l’Assemblée Constituante ne semblent pas atteindre grand monde dans le café principal de Hammam Ghezzaz pas plus que l’entretien accordé par Lotfi Zitoune au journal «La Presse».  Par contre, c’est bel et bien la mort des «harraguas» qui peine et interroge. La menace de l’immigration clandestine est réelle et elle pèse sur leurs enfants.

Dans ces villages, hormis une école, un publinet, une pharmacie, des commerces de proximité et un marché hebdomadaire il n’y a rien à signaler sinon une maison de jeunes vide… Pas de théâtre, ni de salle de cinéma, ni de lieux de divertissements… Rien à part quelques filets de volley-ball sur la plage. D’ailleurs, les équipes de la région sont devenues championnes de Tunisie. Et pour cause !

Au final, les plages sont toujours aussi belles et les gens en profitent largement même s’ils semblent avoir perdu une grande partie de leurs illusions. Ils savent que ces régions sont les plus belles du pays et regrettent de ne pas avoir eu leur part due l’investissent  touristique.

A se promener au grès des rencontres, on se demande finalement s’ils ont vraiment eu un jour des illusions et des espoirs de lendemains meilleurs après le 14 janvier. Ils ne sont pas issus des « régions défavorisées » mais il n’empêche qu’ils souffrent de l’oubli, de la marginalisation, de l’exode rural asphyxiant.

Même s’ils n’ont pas eu beaucoup d’illusions après le 14 janvier, beaucoup savent déjà qu’ils vont s’abstenir de voter aux prochaines élections… Les gens sont déçus de la révolution et de la politique. Les gens semblent déçus d’eux-mêmes !

Amel Djait

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