Tunisie : Jebali 1er ministre? Prudence !

Sauf qu’en deux temps et trois apparitions télévisées, ce candidat a multiplié les « indélicatesses » à l’égard des citoyens tunisiens indépendamment de leurs votes et de leurs convictions. Mohamed Jebali est-il le candidat Ennahdha idéal pour être le Premier ministre de la Tunisie en cette période si délicate de transition démocratique ?

Le potentiel premier ministre a refusé de parler à Hechmi El Hamdi. Combien même on aurait à lui reprocher, il n’en reste pas moins vrai qu’il représenterait au moins 400 000 mille Tunisiens. Dès le lendemain de ce refus, Samir Dilou s’empressait d’envoyer à ce même monsieur sur un plateau de télévision des messages nettement plus cordiaux. Mr Jebabli autant que le porte parole du parti ont exprimé une exclusion envers des électeurs et des citoyens tunisiens. Ceci est surprenant de la part d’un parti qui a souffert et pendant longtemps d’exclusion !

Ennahdha tente de faire le consensus autour d’elle avec tous les partis élus démocratiquement. Qu’à cela ne tienne ! Reste que et selon le résultat des urnes, il y a des Tunisiens qui ont voté pour ce que certains appellent « les restes du Rcd ou du système déchu ». Ceci reste à prouver mais pose une question. Toujours la même. Que faire des restes des forces corrompues du RCD ou du système déchu qui sévissent encore dans le pays et qui, qu’on le veuille ou pas, restent encore vraisemblablement une force et pas qu’électorale non négligeable ?

D’ailleurs, ils sont là et il faudra composer avec délicatesse et intelligence avec ceux.  Ils ne sont pas seulement le « souci » d’Enahdha seulement mais bel et bien de tous ceux qui exerceront le pouvoir. La suite des incidents et des événements de vendredi dernier résument leur pouvoir à semer le trouble et l’agitation alors que le pays a besoin de calme et d’apaisement pour se remettre au travail et rassurer le monde qui nous observe.

Le test

Ainsi donc plusieurs signaux sont adressés à Ennahdha. Certains d’entre eux ne peuvent-ils pas être de nature à rappeler à ce parti qu’il a été voté massivement pour faire rupture avec l’ancien système ? Un véritable nettoyage de fond en comble qui commencerait avec une justice transitionnelle, une concentration sur les urgences économiques et pourquoi pas des visites d’urgence aux régions les plus défavorisées afin de les rassurer tout en les faisant patienter et surtout éviter les erreurs commises par les premiers gouvernements au lendemain du 14 janvier. Une longue période d’attente qui a désenchanté une population qui perd patience.

Les dirigeants d’Ennahdha fournissent beaucoup d’efforts pour rassurer depuis ces derniers jours. Y parviennent-ils pour autant ? Il est trop tôt pour le dire. Après les entrepreneurs et la Bourse de Tunis, c’était au tour des opérateurs du secteur du tourisme  d’être l’objet de leurs messages tranquillisants. Reste qu’à parler de « français qui pollue la langue arabe », du fait qu’un an soit trop court pour appliquer leur programme économique ou encore de l’ouverture ou de la fermeture des discothèques et de la consommation d’alcool est pour le moins surprenant ! Une fois encore les vrais débats sont tronqués. Les médias par leur amateurisme trouvent matière dans celui des politiques qui ne parviennent pas encore à hiérarchiser les urgences.

Ennahdha a été élue pour une assemblée constituante et n’a pas la majorité absolue. Elle ne pourra donc pas faire ce qu’elle veut. Pourquoi alors participer à rallumer les lumières de la diabolisation et des feux rouges? Pourquoi s’engager dans des conversations qui n’ont pas lieu d’être ? Pourquoi pousser des citoyens tunisiens à se poser des questions quand aux déclarations de Monsieur Hamadi Jebali un certain 17 février 2011 sur les colonnes du magazine « Réalités » qu’il œuvrait pour l’instauration d’une charria en Tunisie ?

Espérons que suite à ce premier face à face avec les Tunisiens, la première force élue du pays saura tirer les conclusions qu’il faut puisque c’est elle  qui mène et veut mener  la danse. La période qui s’ouvre depuis le 23 Octobre est en principe d’une année. Une période test qui va permettre d’apprécier Ennahdha sur ses actes. Le parti entre dans la réalité politique sous l’œil vigilant des Tunisiens. Cette étape permettra de l’observer se déployer et se confronter aux vérités du terrain et de ses promesses.

Amel Djait

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