Censure : les une de la honte

Ce procès qu’il soit une machination politicienne, une stratégie de diversion ou un simple coup de « bluff » coûte cher à la profession et à la démocratie naissante. Dans tous les cas, il porte un tord considérable à la Tunisie et à son image.

Alors qu’il y a moins d’un mois ces mêmes journaux célébraient la liberté d’expression et le vent de démocratie qui soufflait sur le pays, ils s’étonnent aujourd’hui du retour effroyable de manivelle et des pratiques que l’on pensaient finies avec Ben Ali en Arabie-Saoudite.

A l’heure où le tourisme tunisien paye très cher des espaces publicitaires pour rassurer et tenter de faire repartir l’industrie touristique sans laquelle nos réserves en devises continueront de fondre comme neige au soleil, cette affaire est bien contre-productive. L’image objet de la censure et au cœur de toutes les polémiques est celle d’un couple respirant l’amour et représentant le corps de la femme. Sans chercher à s’étaler sur le fait que cette image porte atteinte à la morale ou pas celle-ci ne défend-t-elle pas ce que beaucoup de touristes cherchent à vivre dans toutes les destinations touristiques du monde ?

Cette image ressemble à toutes les images que payent très chers les destinations touristiques pour faire leur promotion.  Quoi de mieux qu’une star de football international avec un mannequin magnifique pour vanter les mérites des vacances ? Ce sont les rudes lois du marketing et de la communication, mais c’est comme ça !  A moins que par cet acte de censure ce ne soit précisément cela aussi que l’on pointe du doigt au nom d’un extrémisme religieux venu d’un autre temps.

Concrètement, avec cette affaire, les touristes en viennent à se demander : peut-on aller ou pas dans ce pays ? Il va de soit que ce n’est pas le sein dénudé ou caché qui pose problème mais tout le corps, la mixité, la liberté individuelle. Surtout quand tout ceci est saupoudré à la sauce excision avec les manifestations pro et anti Wajdi Ghenim qui ont fait des dégâts considérables.  

Ces polémiques stériles qui en plus de diviser les Tunisiens font fuir les touristes ont une réelle impact sur leurs opinions et ceux des décideurs qui observent la destination plonger dans un climat anxiogène où « les peurs identitaires se projettent sur le corps féminin et les passions s’exacerbent au point d’occulter les défis sociaux économiques et politiques ».

Alors qu’il y a un an tout le monde voyait dans ce minuscule pays une formidable lueur d’espoir et une avancée démocratique, nombreux sont ceux qui constatent que c’est le mouvement inverse qui est en train de malheureusement se produire. Quelle image et messages cette Tunisie si étrangement et radicalement devenue belliqueuse est-elle en train de renvoyer au monde ?

Amel Djait

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